Société
et religion
La civilisation chinoise est marquée par une profonde originalité
dans le domaine des croyances et des pratiques sociales traditionnelles.
Sa culture a fait preuve à la fois d'une grande pérennité
et d'une capacité d'assimilation des apports extérieurs.
Le régime populaire, dont le but proclamé était
de changer la société, a suscité de profonds bouleversements
depuis cinquante ans. Bien que près des deux tiers des Chinois
n'aient, en 1990, pas connu d'autre régime, les traditions anciennes
se sont maintenues et tendent même à se manifester à
nouveau.
Les traditions religieuses
Les religions chinoises se présentent comme un syncrétisme,
puisque les emprunts se sont combinés en une synthèse diverse
et complexe. C'est donc un peu artificiellement que l'on opère
une distinction entre les quatre grandes traditions.
La "religion populaire"
On entend généralement par religion populaire un ensemble
de croyances et de pratiques moins codifiées que les autres, obéissant
à des origines très anciennes. Elles intéressent
toutes les classes de la société, et non les seules couches
les moins éduquées. Le culte des ancêtres, rendu dans
chaque famille aux parents décédés, en est la base;
il est matérialisé par des tablettes censées recueillir
le "souffle fondamental" des morts. La religion populaire a
d'autre part un panthéon, souvent composé de forces naturelles
divinisées. Des rites se rapportent à toutes les étapes
de la vie; ils sont célébrés dans des temples régis
par les communautés (notamment par les villages).
On peut aussi
rattacher à la religion populaire les pratiques divinatoires et
la géomancie. Cette dernière repose sur l'idée qu'il
est nécessaire, pour conserver sa force, de retenir les souffles
fondamentaux en disposant les lieux de travail et d'habitation en fonction
de règles précises, se rapportant notamment aux quatre points
cardinaux. Le géomancien a pour rôle d'indiquer les bonnes
localisations et les bonnes orientations, ainsi que celles qu'il convient
d'éviter.
La tradition confucéenne
Elle a été établie par Maître Kong (Kongfuzi),
philosophe qui vécut probablement entre 551 et 479 av. J.-C., dont
les jésuites ont latinisé le nom en Confucius. Beaucoup
y voient au départ les traits d'une philosophie, plutôt que
ceux d'une véritable religion. C'est l'ordre social.
Le confucianisme
établit un parallèle entre l'ordre du monde et celui de
la société. Il transpose les relations familiales en termes
cosmiques. L'ordre du monde est garant de celui de la société.
La piété filiale, sans laquelle il n'y a pas d'ordre possible,
se manifeste par des rites rendus par le fils au père. La femme
doit obéir à l'homme, l'homme à l'empereur, le jeune
à l'ancien. L'empereur ne rend de rites qu'au Ciel; il est considéré
comme "fils du Ciel". Le confucianisme restera jusqu'au XXe
siècle une base importante de la conception de l'État. Le
premier devoir de l'empereur étant de confier les fonctions gouvernementales
à des personnes dignes de les exercer, les conceptions de Maître
Kong ont fondé en droit les attributions de la classe des lettrés;
ces derniers sont recrutés après avoir passé des
examens codifiés (dissertation en huit parties) sous la dynastie
des Tang (VIIe-Xe siècle apr. J.-C.).
Outre la piétéfiliale, 4 autres points sont importants :
la vertu, la bienveillance, le courage.
La visée essentielle, c'est la paix, donc les grandes familles
essaieront de rester au pouvoir.
Les prêtres sont des mandarins
Le
taoïsme
Cette religion est fondée sur un ensemble de croyances et de pratiques
anciennes, issues des cultes populaires. Certaines sont reprises de la
philosophie du non-agir de Laozi, qu'elles interprètent dans un
sens religieux. En effet, au IIe siècle de l'ère chrétienne,
le taoïsme acquiert des attributs proprement religieux, avec un panthéon,
des cultes, des prêtres et des moines. Les textes fondamentaux du
taoïsme ont été rassemblés en un "canon
taoïste" au XVe siècle, qui ne contient pas moins de
1 500 ouvrages. Le tao est un principe, ou "souffle" fondamental,
qui unit deux principes opposés, le yang (pur, élevé,
lumineux, relatif au ciel) et le yin (impur, inférieur, opaque,
relatif à la terre). Ils sont présents dans le monde et
dans le corps humain, avec une prédominance du yang chez l'homme
et du yin chez la femme
C'est le rapport de l'homme au cosmos. Les bases de la médecine
chinoise vient du taoïsme et la pensée du jardin chinois également.
Le
bouddhisme
La lutte antireligieuse
La religion traditionnelle a été considérée
comme un ensemble de superstitions par le régime communiste, qui
a mené, contre ses diverses expressions, des campagnes actives,
particulièrement violentes au moment de la révolution culturelle.
Les prêtres taoïstes et bouddhistes ont été surveillés
et "rééduqués", alors que les moines étaient
dispersés. De nombreux temples ont été détruits.
Des campagnes idéologiques ont été menées
contre le confucianisme. Au Tibet, les attaques contre les lamaseries
visaient également à affaiblir les bases d'une culture non
han.
La politique de
libéralisation engagée ces dernières années
a cependant autorisé un certain nombre de manifestations religieuses;
des temples ont été reconstruits un peu partout et les pèlerinages
vers les montagnes sacrées ont pu reprendre.
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