Le bouddhisme tibétain
C'est sous les
traits du Véhicule tantrique que le bouddhisme triomphe au Tibet.
Né de l'association d'éléments issus de la tradition
hindoue et de celle du Grand Véhicule, le bouddhisme tantrique
aspire, grâce à l'exécution de rituels, à une
connaissance aussi pure que le diamant. Aussi est-il parfois appelé
Véhicule de diamant (ou Vajrayana). Le Tibet est avec le Bhoutan
le seul pays à avoir donné naissance à une théocratie.
Une rencontre
magique
Ce sont deux femmes, une princesse népalaise et une princesse chinoise,
qui introduisent au VIIe siècle le message de l'Éveillésur
les hauts plateaux himalayens du Tibet. Épouses du roi Songtsen
Gampo, elles le convertissent. Au siècle suivant, des missionnaires
indiens commencent à diffuser l'enseignement du Véhicule
tantrique. La rencontre entre le goût des Tibétains pour
la magie et la dimension ésotérique du bouddhisme tantrique
permettent à ce dernier de s'implanter définitivement au
Tibet.
Le lamaïsme
Le lamaïsme est l'une des caractéristiques du bouddhisme tibétain.
Le titre honorifique de lama, équivalent du mot indien guru, était
autrefois réservé aux moines d'un rang supérieur.
Aujourd'hui, il désigne tout moine tibétain. A la tête
de la hiérarchie religieuse et politique qui gouverne le bouddhisme
tibétain, se trouvent deux grands lamas : le dalaï-lama, "
océan de sagesse ", qui représente l'autorité
temporelle, et le pantchen-lama, " joyau de sagesse ", qui symbolise
l'autorité spirituelle.
La réincarnation
La réincarnation est au coeur du bouddhisme tibétain et
de l'institution du dalaï-lama. Chaque dalaï-lama doit être
la réincarnation assurée de celui qui l'a précédé.
Les Tibétains ont été convaincus en 1938 que l'actuel
dalaï-lama était la réincarnation de son prédécesseur,
mort quelques années auparavant, lorsqu'à l'âge de
trois ans, il reconnut certains objets lui ayant appartenu. Chaque dalaï-lama
est en outre considéré comme une incarnation du bodhisattva
de la compassion.
Les mantras
Les mantras sont des formules magiques ou sacrées qui semblent
concentrer toute la ferveur mystique des Tibétains. Composées
de mots ou de syllabes, ces incantations rituelles illustrent l'importance
accordée par le bouddhisme tantrique à la parole. Leur récitation
constitue la voie d'accès à la connaissance. Comme l'une
de ces formules, " Om mani pad me hum ", confère une
puissance surnaturelle, les Tibétains n'ont de cesse de la répéter
et de la graver sur des pierres.
Les tantras
Textes indiens non spécifiques au bouddhisme et apparus vers le
VIe siècle, les tantras sont des textes ésotériques.
Au même titre que les mantras, ils jouent un rôle essentiel
au Tibet, car c'est dans ces ouvrages que sont codifiées les pratiques
magiques du Véhicule tantrique. Nombreux sont ceux qui les considèrent
comme des révélations divines et les mettent sur le même
rang que les autres écritures sacrées. Ils se présentent
tous plus ou moins comme des manuels pratiques de rites et visent moins
à donner une explication théorique du monde et de la vie
qu'à décrire les procédés magiques qui permettent
d'atteindre des fins supranaturelles.
Une identité
menacée
En 1950, la Chine envahit le Tibet. Commence alors une longue période
d'horreurs au cours de laquelle un million de Tibétains sont exterminés,
soit près de 20% de la population. Accusée d'archaïsme,
la religion bouddhiste est également la cible des troupes chinoises
: les couvents sont détruits et les oeuvres d'art saccagées.
Après neuf années de résistance, le dalaï-lama
décide de poursuivre son combat à l'étranger. Il
obtient le prix Nobel de la Paix en 1989. Aujourd'hui, après des
campagnes de stérilisation forcée des Tibétaines
et des transferts massifs de population chinoise, les Tibétains
représentent moins de la moitié de la population.
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